Bocage de peupliers et de saules
La forêt est traditionnellement un habitat naturel important. Depuis les temps anciens, les gens qui vivaient dans les bois savaient que le bois était précieux. Selon la pensée des dirigeants, les arbres de Sibérie posséderaient une force particulière. Sur les dessins de l'art ancien de Transbaïkalie on peut s’apercevoir de l’interchangeabilité de l’homme et de l’arbre. L’apparence de l’homme s’assimilait en effet à celle d’un tronc d’arbre, couronné, s’imprégnant de la chaleur des rayons du soleil. Les chamanes bouriates considèrent qu’abattre un arbre sans raison s’est réduire la durée de vie et également celle de leurs descendants. Les ancêtres bouriates croyaient sincèrement que la tempête qui abattait les arbres engendrait ensuite des décès rapides. Le cèdre, l’épicéa, le pin et le mélèze étaient vénérés comme des arbres sacrés. Autour d'eux avaient lieu des cérémonies et des offrandes, et les descendants Khori sont toujours frémissants à l’idée de porter l'arbre de bouleau qui incarne le piquet d’attelage - un symbole sacré du clan. La mère de l’arbre est appelée « Ekhè-Modone ». Il n'était pas possible de réaliser un rite sans être en possession d’un bouleau. Au cours de ce rite, le bouleau était situé sur le côté sud et était désigné par un chamane comme le père de l’arbre - Esèguè-Mondone.
Contrairement aux jeunes forêts européennes, la taïga du Baïkal a préservé des arbres de tous âges, des jeunes pousses de 500 à 600 ans mais aux géants de 800 ans. La plupart des arbres en Sibérie sont des mélèzes. Les arbres centenaires ont un diamètre de plusieurs mètres et parfois, deux hommes adultes ne suffisent pas à encercler l’arbre de leurs bras. Les robustes mélèzes sont parfois âgés de 500 ans, tels des géants surplombant toute la taïga de la région. Il est connu que certains spécimens de mélèze vivent jusqu'à 700-800 ans. De plus, le mélèze de Sibérie, quand il est placé dans l'eau, devient encore plus fort. Tout le monde connaît bien le fait historique, que « la perle de l’eau » d'Italie du Nord - Venise, est notamment fondée sur des piliers en bois de mélèze, lesquels ayant été importés de Sibérie.
A Bolchoïé Golooustonoïé il y a un unique bocage de peupliers et de saules (takniki topolinaïa rochtcha). Pour y accéder, il faut traverser la rivière Golooustnaïa. L’unicité du bocage reliquaire est un cas étonnant d’ensemencement spontané de peupliers dans la vallée de la rivière. Une fois, il y a 400 ans, quelques graines apportées par le vent sur la berge de la rivière ont prises racines dans cet environnement favorable, et ont ainsi donné vie à d'autres peupliers. Quelques peupliers sur des premières estimations ont plus de 400 ans, beaucoup d'entre eux bien sûr furent détruits. Mais si l’on regarde bien, c’est un bocage miracle de peupliers, d’une taille impressionnante, avec des lignes brisées et d'énormes creux, beaucoup d’arbres ressemblent à la forme des animaux de la forêt en flexion. De nombreux arbres furent touchés par la foudre, et vous pouvez voir comment le bois a été brûlé à l'intérieur, mais il n'est pas mort.
Les chamanes bouriates effectuent souvent des cérémonies rituelles dans ce bocage et croient qu’il possède des forces magiques. Le bosquet de peupliers peut être inscrit au registre des monuments naturels protégés et restera ainsi encore présent pendant des centaines d'années.