Le village abandonné de Sibik-Tyèllakh
À l’embouchure de la rivière Olen’, au bord du réservoir de la Kolyma, se trouve le village abandonné de Sibik-Tyèllakh dont une grande partie a été emportée par les eaux. Le destin funeste de cevillage fantôme semble étrangement lié à son nom issu du yakoute : « Sibik » qui signifie « l’endroit où agissent des forces surnaturelles » et « Tyèllakh », venteux.
C’est en 1956 que les premiers gisements d’or sont découverts dans la zone, et par la suite, la petite ville est devenue le lieu d’habitat des orpailleurs travaillant dans la mine des « 40 ans d’Octobre ». Le village s’est alors très vite développé, passant de 115 à 1150 habitants entre 1961 et 1978. En 30 ans d’exploitation, 60 tonnes de métal précieux ont été extraits, et encore aujourd’hui, les géologues estiment que 1600 kilos d’or se trouvent toujours sous la surface. Mais c’est l’extraction difficile due au permafrost et à la proximité du réservoir de la Kolyma qui a incité les habitants de la petite ville à évacuer les lieux, jusqu’à ce que l’endroit se retrouve totalement abandonné. Le temps et la nature se sont occupés du reste, et les eaux tumultueuses ont balayé une partie du village...
Sur la berge, quelques maisons sont encore debout. Ici et là, quelques fenêtres ont survécu, mais les murs se sont décrépis, donnant aux maisons une allure étrange, comme sorties d’un autre monde. L’entrepôt où était entreposé l’or est encore bien distinct, de par ses barreaux aux fenêtres et ses clôtures de fils barbelés. Si l’on se penche assez, on peut encore voir à l’intérieur, sur une table, la vieille balance et les plombs qui servaient à peser les pépites extraites de la mine.
De nos jours, seuls les orpailleurs du dimanche poursuivent le rêve de trouver un nouveau gisement à l’embouchure de la rivière, aux côtés des pêcheurs venus pour une toute autre ressource naturelle...
Du village, on peut aussi se rendre à la base abandonnée des biologistes, construite en 1975 pour étudier l’écosystème de la zone autour du barrage hydraulique de la Kolyma.